Il me revient souvent ce jour où solitaire
Je cherchais aux feuillets jaunis d’un livre ancien
L’aliment de mes rêves et des joies éphémères
Qui troublent les garçons quand le désir leur vient
J’avais imprudemment laissé la porte ouverte
Élise était soudain apparue devant moi
J’essayai de mes mains croisées en pure perte
De cacher à ses yeux l’ampleur de mon émoi
Elle avança vers moi et sans une parole
Défit près de son col un unique bouton
Et laissa vers le sol glisser blanche corolle
À l’entour de son corps, sa robe de coton
Sacrifiant à genoux, émouvante vestale
Au rite où je jouais la victime et le dieu
Elle me fit approcher, à l’instant zénithal
Les flammes de l’enfer et la porte des cieux
Et puis levant sur moi ses yeux d’un bleu limpide
Élise en s’étirant comme un chat rassasié
D’une pointe de langue acérée et candide
Essuya sur sa lèvre une goutte de lait