Courbés depuis l’aube des temps
Sur ces routes qui nous dépassent
Nous irons disputer au vent
Les soupirs de nos âmes lasses
Nous trouverons au fil des jours
La force de glisser plus loin
La force d’en changer le cours
D’ôter l’écharde de la main
Simples soutiers mais prêts au pire
Quand nous envahirons les ponts
Nous éloignerons ce navire
De vos rivages inféconds
Amis, faites force de rames
Le port est encore loin de nous
Tous les jours aux pieds de la dame
Pécheurs, tombez à genoux
Nous étions parvenus dans des cités obscures
Où les yeux des enfants n’avaient pas de regard
Sous des porches gravés d’étranges écritures
Des femmes accroupies et des mendiants hagards
Au quatrième jour nous fut donnée la clé
Des portes qui menaient aux chambres interdites
Mais ceux qui parmi nous osèrent y entrer
Payèrent de leur vie leur audace maudite
Alors nous étions prêts au pire
Et nous avions brûlé nos ponts
Et sabordé tous nos navires
Au-dessus des fosses sans fond
Courbez votre dos sur les rames
Le port est encore loin de nous
Garez les yeux sur cette flamme
Qui met les hommes à genoux
Les oiseaux pourtant
Façonnent les nuages
Arrachent au vent
D’étonnants messages
Et toi au matin
Tu trouves en échange
Au creux de tes mains
Le duvet de l’ange
Et dans ta bouche l’amertume
Du fruit auquel tu as mordu
Un goût de sel et de bitume
La saveur du pays perdu
Alors ami reprends les rames
Le port est encore loin de nous
Pour qu’un jour aux pieds de la dame
Ami, nous tombions à genoux
À genoux
À genoux
À genoux