… d’un roman qui n’existe pas. 1500 signes. Juste un exercice pour se dérouiller.
Il se retourna, planta ses yeux dans les miens. Une demi-seconde de flou avant de me reconnaître : je compris qu’il avait replongé.
Comme autrefois son sourire portait des messages contradictoires – c’est bon de te revoir – tu es parti trop longtemps, mais je te pardonne – il était temps : quelques mois encore et tu n’aurais trouvé personne.
Quelque chose dans sa voix avait changé. Le ton trop posé. L’articulation trop nette. Combien de verres déjà à dix heures, avant celui qu’il tenait à la main ? Il s’installa dans son fauteuil préféré, toujours le même, dos à la fenêtre. Ses traits resteraient dans l’ombre, ne pas négliger le plus mince avantage. Je choisis de rester debout. Entre nous, le combat n’avait pas cessé.
— Tu as fait la connaissance d’Helen. Comment était le vol ?
Le sol trembla, à peine un frémissement. Il ne cilla pas. J’avais vécu trop longtemps loin d’ici pour dissimuler un léger raidissement. Celle du moment se nommait donc Helen. Sa ressemblance avec la précédente, ou bien peut-être celle d’avant, était frappante. Un moyen comme un autre d’arrêter la fuite du temps. Je plongeai le nez dans mon verre pour éviter de commenter. Tourbe, varech, une fenêtre qui s’ouvrait sur un monde disparu. Peu de gens pouvaient encore s’offrir un pareil breuvage, sans parler de s’enivrer avec. Le vol, il devait savoir ce que c’était, le réveil nauséeux, l’impression de sortir de la cuite de sa vie.
Une autre bombe tomba. Le bouclier tiendrait encore cette fois, au prix de la dé