Bastia, 1960

1960 01 Bastia

La photo n’est pas fameuse, le souvenir est encore plus flou. Au beau milieu de l’hiver 1960, nous quittons notre village du bout du monde et nous installons – nous campons plutôt – dans un appartement de location à Bastia. La dame à la gauloise est notre logeuse, l’enfant sa fille peut-être. M’a-t-on donné une raison à ce voyage et surtout à la disparition de ma mère ? J’en doute fort, on ne doit pas alors d’explication aux enfants. Ni chou, ni rose, ni cigogne, et si ma curiosité est immense à l’école je sais déjà qu’il y a des questions qu’il ne convient pas de poser aux adultes.

Ma grand-mère est présente aussi puisque c’est elle qui un soir m’administre une cuillère de vinaigre au lieu du Phénergan quotidien dont on a réutilisé le flacon – on n’a alors aucune mauvaise conscience à s’assurer du bon sommeil des petits en leur administrant au coucher cette drogue sucrée. La génération suivante, qui justement va faire son entrée, aura droit au Téralène, avec des résultats tout aussi satisfaisants. La chimie fait des miracles, on a confiance en elle.

Un matin enfin on me conduit dans un étrange grand magasin où, derrière une vitrine, gigote un bébé rouge et fripé. C’est ton frère, me dit-on.

 

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